Palmarès Mémoires de la Mer 2022 : prix du film

«Océans 3, la voix des invisibles – Éoliennes, une drôle de guerre» de Mathilde Jounot (Portfolio Productions, France, 2021)

Le commentaire de Marie-Dominique Montel, au nom du jury :

Pourquoi ce film est-il le lauréat 2022 des Mémoires de la mer ? Parce que le jury, composé de personnes formidables, a voté et que le film de Mathilde Jounot a gagné ! On pourrait penser que c’est parce que le débat sur l’implantation des éoliennes en mer est aussi un sujet particulièrement sensible ici, en ce moment… On n’aurait pas tort, mais tous les membres du jury ne sont pas charentais.

La vérité c’est que c’est un excellent film, bien filmé, bien monté, bien construit. La musique et le commentaire sont mis au service d’une histoire qui en devient passionnante. Car ce n’était pas gagné d’avance.

Les jurys et les lauréats des Mémoires de la Mer 2022 samedi 22 octobre au Théâtre de la Coupe d’or à Rochefort

C’est vrai que les pécheurs et les éoliennes (comme les forages off-shore) recherchent exactement les mêmes endroits peu profonds. Les hauts fonds. Mais en termes cinématographiques, ce n’est pas une histoire qui paraissait fascinante au départ: le débat entre pécheurs, industriels et financiers… Plusieurs lieux différents, Saint Brieuc et le Tréport, avec en prime Bruxelles et ses technocrates; peu de scènes d’amour et encore moins de cascades. Bref, un film intelligent !

Et c’est bien ce que l’on voit à l’écran : un problème actuel traité sur la durée (des mois et des mois), et avec les acteurs : pêcheurs de la baie de Saint-Brieuc et du Tréport, défenseurs des énergies vertes, industriels de l’éolien, scientifiques. On entend tous leurs points de vue, on suit leurs échanges ou… leurs dialogues de sourds. Et (c’est là où c’est extraordinaire !) la mayonnaise prend. On est dans un film à suspense. On se demande comment se prennent en fin de compte les décisions? On ne lâche plus l’intrigue et ses rebondissements.

Le film était un défi difficile, il est relevé avec maestria et avec quelque chose d’essentiel, l’intensité narrative!

Qui est Mathilde Jounot ?

Mathilde Jounot

Regardez-la bien et retenez bien son nom, ses deux films précédents ont déjà connu un grand succès et collectionné les récompenses internationales. C’est une Malouine, fille, petite-fille de marins, mais aussi une juriste et une journaliste qui a mené un gros travail d’enquête, considérant que le citoyen doit avoir les éléments pour se construire une idée plus précise des intérêts en jeu. Comme nous allons lui donner la parole, je ne la cite pas trop longuement mais elle dit : « On retrouve la politique au sens noble du terme. »

Moi je vous dit aussi: son film se regarde comme un roman ET c’est une archive formidable ! C’est le boulot ou la vocation (vous choisissez le mot qui vous convient) des Mémoires de la mer de sauvegarder de tels moments de l’histoire de la mer.

Samedi 22 octobre : remise du prix du film des Mémoires de la Mer 2022.

Dix films en compétition à voir à la Corderie Royale de Rochefort les vendredi 21 et samedi 22 octobre après-midi et le dimanche 23 octobre en matinée.

Des films qui se font l’écho fidèle des défis et des enjeux qui touchent aujourd’hui aux rapports de l’homme et de l’océan :

  • Défis scientifiques avec les progrès exceptionnels des techniques d’exploration sous-marine au service de la protection de la biodiversité, de la compréhension de la vie animale – des cachalots aux espèces méconnues des grandes profondeurs – de la lutte contre les pollutions et de la sécurité des populations littorales, notamment face aux risques de tsunami associés aux éruptions volcaniques en Méditerranée
  • Défis humains : le défi quotidien de la communauté des sauveteurs en mer, l’engagement militant pour la préservation de métiers traditionnels de la pêche artisanale, en Afrique comme sur la côte bretonne, l’aventure individuelle des marins du Vendée Globe.
  • Défis culturels : ceux liés à la préservation des mémoires, celles des Inuits au cœur de l’Arctique, celles des solidarités ouvrières d’hier et d’aujourd’hui dans un site à jamais marqué par l’histoire des chantiers navals, La Ciotat.

Pour vous donner envie de les découvrir à Rochefort, des extraits choisis :

Mémoires de la Mer 2022 : les films sélectionnés

La 3ème édition du Festival des Mémoires de la Mer aura lieu à Rochefort en Charente Maritime les 21, 22 et 23 Octobre prochains.

Le samedi 22 Octobre au soir, au Théâtre de la Coupe d’Or, joyau de théâtre à l’italienne, seront remis les prix des Mémoires de la Mer 2022 du livre, de la Bande Dessinée et du Film Documentaire.

Après vous avoir présenté les livres et BD sélectionnés cette année, voici la sélection des films en compétition. Notre jury a retenu dans sa sélection finale dix films diffusés durant la dernière année.

.Des films qui se font l’écho fidèle des défis et des enjeux qui touchent aujourd’hui aux rapports de l’homme et de l’océan :

– Défis scientifiques avec les progrès exceptionnels des techniques d’exploration sous-marine au service de la protection de la biodiversité, de la compréhension de la vie animale – des cachalots aux espèces méconnues des grandes profondeurs – de la lutte contre les pollutions et de la sécurité des populations littorales, notamment face aux risques de tsunami associés aux éruptions volcaniques en Méditerranée;

– Défis humains : le défi quotidien de la communauté des sauveteurs en mer, l’engagement militant pour la préservation de métiers traditionnels de la pêche artisanale, en Afrique comme sur la côte bretonne, l’aventure individuelle des marins du Vendée Globe.

– Défis culturels : ceux liés à la préservation des mémoires, celles des Inuits au coeur de l’Arctique, celles des solidarités ouvrières d’hier et d’aujourd’hui dans un site à jamais marqué par l’histoire des chantiers navals, La Ciotat.

Durant trois mois, nous vous présenterons plus en détail sur ce site les différents auteurs et réalisateurs en compétition. En espérant avoir le plaisir de vous accueillir à Rochefort en octobre pour les rencontrer « en vrai » et échanger avec eux en toute liberté.

Benedict Donnelly

1- Silence en Méditerranée
Réalisateurs : Jean-Charles Granjon
Production : Bleuearth production, 2021, 52 minutes

Une odyssée sensorielle au cœur de la biodiversité marine.
Le biologiste et cinéaste sous-marin, Jean Charles Granjon, nous propose une odyssée maritime et sensorielle en Méditerranée. Il pose la question du son dans le milieu marin, évoquant l’absence de pollution sonore anthropique et ses conséquences pendant le confinement.
À notre époque, le silence humain est rare. Pendant le premier confinement sanitaire en mars 2020, et pour la première fois, la vie semble s’arrêter. Moins de voiture sur les routes, moins de bateaux en mer et aucun avion dans le ciel. Un silence et un calme olympien. Une expérience incroyable et une occasion pour les humains que nous sommes, d’observer la nature et y prêter une attention toute particulière.
Sur le littoral, des spécialistes marins décident d’étudier les conséquences de ce silence exceptionnel sur la faune et la flore méditerranéenne. Des micros sont posés dans la mer.
Du silence, émerge alors un chant. C’est celui du monde sauvage. Il utilise le son pour communiquer et se repérer. Nous découvrons des images sous-marines exceptionnelles et des séquences inédites, comme celles où l’on entend le chant d’amour des corb imitant le bruit des tambours, ou les clics et échos des cachalots. La beauté de la nature à l’état pur.

Le cinéaste sous-marin Jean-Charles Granjon, décide de partir à la rencontre de ces spécialistes, pour observer leurs outils de mesure, écouter leurs analyses et comprendre les enjeux. Il embarque sur un voilier, celui du projet We Ocean, et nous entraine dans une odyssée sensorielle inédite.

2 – Les harmonies invisibles
Réalisateurs : Laurent Marie et Vincent Marie
Coproduction Les Films de la pluie, Adala Films, 77 minutes

Imprégnés par les contes arctiques qui ont bercé leur enfance, deux frères, Laurent, apnéiste, et Vincent, cinéaste, partent sur les traces de la légende du narval. En chemin ils rencontrent le peuple inuit avec qui ils vont partager une quête poétique de respiration avec le monde.

En découvrant ce documentaire, ce qui vous touche d’abord c’est la sensation de sérénité qui s’en échappe. Rien n’est en trop, le récit est fluide, les images sont sublimes, la glace omniprésente. Ce film propose une immersion inédite dans le monde secret des Inuits et de leurs légendes qui porte le spectateur vers l’imaginaire et la contemplation. Rien dans ce monde du froid ne ressemble à nos vies soi-disant moderne. On y trouve ce qui nous manque souvent : la rêverie, la poésie, le silence. Ici, peu de mots pour comprendre l’indicible. On prend le temps d’observer tous les détails d’un sourire que l’on suit de son éveil à son coucher sur le visage creusé d’une vielle âme Inuite. Dans ce premier long
métrage, rien n’est exploit, sensationnel ou extrême, tout est à la mesure du décor unique que représente l’Arctique, apaisé et serein. On s’extrait de ce film en ayant envie d’en connaître plus sur la paix intérieure qui anime son héros apnéiste. Son humilité, son osmose intérieure semble correspondre si bien à l’harmonie indispensable à la survie de ces hommes des glaces. Un documentaire nécessaire, original et qui redonne du souffle.

3 – Au nom de la mer
Réalisateurs : Jérôme et Caroline Espla
Production : Via Découverte — 13 Productions — 2021, 52 minutes

La France est le plus important producteur de déchets plastiques de la Méditerranée. Cent milliards d’emballages sont jetés chaque année par les Français, soit presque 5 millions de tonnes, l’équivalent de 70kg par personne. Et seulement la moitié de ces emballages sera recyclée. Le reste finira dans une décharge, dans un incinérateur, dans la nature, et malheureusement en mer.

Le joyau exceptionnel de biodiversité marine qu’est la Méditerranée, s’asphyxie doucement,
submergée chaque année par 600 000 tonnes de plastiques et de macrodéchets en tout genre, dont 10 000 tonnes sont rejetées par la France.

Le désespoir et le découragement gagnent du terrain dans la conscience de l’homme mais parfois il ne peut rester indifférent face à l’immensité du drame. Seuls, ou en petits groupes, ils sont lanceurs d’alerte, nettoyeurs des mers, défenseurs de la vie marine. Avec leurs moyens, ils sont persuadés qu’il n’est pas trop tard pour agir. Entre Corse et Côte d’Azur, voici le parcours de ceux qui agissent au nom de la mer.

4 – Thomas Ruyant : À la conquête du Vendée Globe
Réalisateur : Thomas Sametin
Production : Air Vide et Eau Productions — 2021, 52 minutes

À l’occasion du Vendée Globe 2020/21, ce film-documentaire retrace l’aventure entrepreneuriale du skipper Thomas Ruyant.

Depuis la genèse du projet jusqu’à l’arrivée à la 6″ place du Vendée Globe le 28 janvier dernier, l’histoire nous est contée à travers des flashs-back tournés durant les 4 années de préparation et au fil du tour du monde, ainsi que des interviews des protagonistes {boat captain, co-skipper, partenaire, association).

L’occasion de découvrir les coulisses d’un défi humain, sportif, technologique et sociétal. Une épopée entrepreneuriale riche de rencontres, d’apprentissages, de réussites et de résilience !

5 – Mor Diouf, marin entre deux mondes
Réalisateurs : Erwan Le Guillermic et David Morvan
Production : Aligal Production — 2021, 52 minutes

Mor Diouf, marin sénégalais, a obtenu son diplôme pour devenir patron de pêche. Il attend avec espoir d’être naturalisé pour prendre les commandes du chalutier français sur lequel il travaille depuis des années.

Ce beau film dresse le portrait du premier africain à devenir capitaine de pêche en France et souligne les contradictions entre son Sénégal natal, où il n’y a plus suffisamment de poissons pour faire vivre les pêcheurs et les oblige comme Mor à l’exil, et la France où il n’y a plus suffisamment de matelots pour armer les navires.

6 – Des sauveteurs et des hommes
Réalisateurs : Thierry Durand
Production : Aligal Production — 2021, 53 minutes

AU cœur du sauvetage en mer avec ces femmes et ces hommes à terre et sur l’eau qui veillent et sauvent des vies humaines.

Ils s’appellent Yoann, Stéphane, Mickaël, Vincent. Ils sont : patron d’un canot de sauvetage SNSM, pilote de l’hélicoptère de la Marine Nationale, commandant de l’Abeille Liberté ou chef de quart au CROSS Jobourg. Bénévoles ou professionnels, civils et militaires, ils sont les visages et les voix derrière les numéros d’urgence en mer : le 196 sur le téléphone ou le canal 16 de la VHF.

7 – Cachalots, une histoire de famille
Réalisateurs : René Heuzey, François Sarano et Guillaume Vincent
Coproduction : Les Films en Vrac Production et Label Bleu Productions, 2021, 52 minutes

C’est l’histoire vraie d’une famille de titans : une trentaine de cachalots, quinze femelles et onze petits qui vivent au large de l’Ile Maurice, auxquels s’ajoutent les grands mâles qui reviennent de longs mois de chasse dans les mers australes.

Grâce à des centaines d’heures d’images filmées pendant près de dix ans, nous allons vivre au milieu d’eux, révéler le fonctionnement du clan, les différentes fonctions sociales des femelles, l’importance insoupçonnée des mâles.

Et suivre leurs destins hors du commun, avec leurs joies, leurs moments de tendresse, leurs drames.

8 – Océans 3, la voix des invisibles — une drôle de guerre
Réalisateur : Mathilde Jounot
Production : Portfolio Production, 2021, 1H15min

Les océans doivent-ils être gérés par les citoyens ou les marchés financiers ?
À la suite d’Océans 1, et d’Océans 2, Océans 3, la voix des invisibles s’attache cette fois à décrypter le développement des projets éoliens offshore. Quelles seront les conséquences environnementales, économiques et sociales de ces projets industriels sur les mers ?

9 – Méditerranée, la face cachée des volcans
Réalisateurs : de Gil Kebaïli et Roberto Rinaldi
Production : IGB Prod, 2022, 52 min

Du Nord de la Sicile jusqu’à la baie de Naples, une expédition scientifique menée par le vulcanologue italien Francesco Italiano et l’équipe de plongeurs de Laurent Ballesta spécialisée dans les plongées profondes va étudier les volcans en explorant des fonds enfouis à plus de 100m sous la surface. Sur les pentes englouties de la mer Méditerranée, ils vont sonder ces territoires pour tenter de découvrir des indices sur le fonctionnement de ces montagnes de feu cachées sous la surface, rencontrer des écosystèmes rares et secrets et des sources d’énergie jusqu’alors inaccessibles. Une aventure inédite à la découverte d’un monde presque inconnu et pourtant si proche des populations humaines
qui pourrait permettre à la science d’anticiper les réveils de volcans parmi les plus menaçants au monde.

10 – A la Ciotat, des navires et des hommes
Réalisateur : Emile Rozand
Production : ARTE, 2022, 14 minutes

Des géants des mers sortant d’une toute petite ville de pêcheurs, c’est le destin hors norme de La Ciotat, ville ancrée sur la Côte d’Azur à quelques encablures de Marseille. Fruit de l’amour des hommes pour la navigation et pour la mer Méditerranée, son chantier naval a donné naissance à des navires légendaires. Il a également forgé un état d’esprit fraternel et une âme de résistance.

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