Génération Hermione : les clés de l’énigme !

Guillaume Tauban : « Une vie de gabier à bord de l’Hermione » aux Editions
Paquet

Intrigué ! Yann Mauffret, le patron du chantier du Guip, « la » référence des charpentiers de marine, me confiait tout récemment son étonnement de l’attachement quasi charnel des équipiers de l’Hermione à « leur » frégate. Un attachement qui nous avait, nous aussi, pris par surprise au retour du voyage américain de l’Hermione, il y a 7 ans déjà.

Préfaçant le livre de Francis Latreille et d’Hervé Gaubert « L’Hermione dans le sillage de Lafayette » paru en 2015 chez Gallimard, j’évoquais « la singularité d’une aventure humaine exceptionnelle, celle de l’équipage de l’Hermione… Un équipage associant marins professionnels et volontaires bénévoles… qui avait suscité l’admiration de tous par son enthousiasme, son engagement, sa rigueur et sa cohésion. »

Dieu sait pourtant que nous n’étions guère emballés à l’idée de devenir nous-même armateurs de l’Hermione à l’issue d’un chantier qui avait duré dix-sept ans !

Nous voulions, comme pour la construction du navire, nous appuyer sur l’expertise d’entreprises spécialisées. Aucune compagnie française de navigation n’ayant voulu prendre le risque de constituer et de gérer un équipage mêlant marins professionnels et amateurs, nous nous étions, au final, résignés à piloter nous-mêmes les navigations de l’Hermione.

Sans nous douter que, 30 ans après le lancement du projet, 10 ans après la mise à l’eau de la frégate, une génération de jeunes volontaires, marins de circonstance pour beaucoup, se serait identifiée à cette formidable machine à remonter le temps qu’est l’Hermione au point de l’incarner et de reléguer au second plan sa dimension patrimoniale ! Cette « génération Hermione » est, depuis quelques semaines, un peu moins énigmatique grâce à la bande dessinée de Guillaume Tauran « Une vie de gabier à bord de l’Hermione » aux Editions Paquet.

Guillaume Tauran a été, trois ans durant, à bord de l’Hermione, un « gabier » , en clair un matelot mobilisable à tout moment et par tous les temps pour monter dans la mâture à plusieurs dizaines de mètres de hauteur et manœuvrer les voiles. Ils sont soixante, à bord de l’Hermione, hommes et femmes, tous bénévoles, aux côtés d’une vingtaine de marins professionnels. A la différence de navires historiques plus récents comme le Belem qui date de la fin du 19 ème siècle ou de répliques approximatives conçues pour le cinéma ou les relations publiques, l’Hermione, réplique authentique d’une frégate du 18 ème siècle, exige en navigation un équipage nombreux et impose des manœuvres à risque. Contraints et forcés, nous avons donc dû inventer, en nous appuyant sur un commandant d’exception, Yann Cariou, un modèle original de recrutement, de formation et d’apprentissage des gabiers de l’Hermione. Et, ce faisant, au fil de l’eau, sans que nous l’ayons vraiment anticipé, l’Hermione est devenue pour des dizaines de jeunes de tous horizons, géographiques et sociaux, une véritable école de vie.

Guillaume Tauban dévoile, dans sa BD, les ressorts de la passion des gabiers pour « leur » frégate, en racontant par le dessin et par la plume leur quotidien à bord de l’Hermione. C’est le récit d’un périple comparable à celui des artisans compagnons accomplissant leur tour de France pour perfectionner leurs connaissances et enrichir sur le terrain leur expérience du métier. Sauf que ce « tour » se fait ici au large, en pleine mer, balloté par le vent et les vagues à des hauteurs vertigineuses !

Ce récit manquait, tout comme ce regard de l’intérieur sur la vie à bord d’un grand voilier d’autrefois avec les yeux d’aujourd’hui

Merci, Guillaume !
Benedict Donnelly

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