Vroom, le « père » de la peinture de marines

Nous poursuivons avec Olivier Cena, de Télérama, l’exploration de l’émergence de la mer dans la peinture comme élément à part entière. 

Le Retour à Amsterdam de la deuxième expédition aux Indes orientales (1599), Vroom

« Jusqu’à la fin du Moyen Age, la mer est un signe : une petite surface bleue ou verte animée de lignes évoquant une onde sans écume. Avec Patinir, elle devient un élément symbolique, représentée en plongée comme si le regard de l’artiste se trouvait en hauteur. Cette vue aérienne fictive correspond à la nouvelle cartographie de la Renaissance qui développe l’aperçu « à vol d’oiseau » des territoires.

Dès la toute fin du XVIe siècle, avec un tableau d’histoire, Le Retour à Amsterdam de la deuxième expédition aux Indes orientales (1599), Vroom, plus réaliste, abaisse le point de vue à la hauteur d’un grand mât puis à hauteur d’homme. La Mer devient la mer.Un siècle après Patinir apparaît donc Vroom. Derrière cette onomatopée se cache Hendrick Cornelisz (v. 1563-v.1640), peintre hollandais considéré comme le père de la peinture de marines.

Ce genre nouveau naît aux Pays-Bas parce que s’y développe, au XVIIe siècle, la navigation marchande. Il prospère peu après en Angleterre pour les mêmes raisons — mais le négoce était aussi l’origine des bas-reliefs phéniciens représentant des navires marchands douze siècles avant notre ère. La peinture de marines perpétue la traditionnelle représentation d’embarcations diverses connue depuis l’Antiquité, mais de cette glorification du commerce, Vroom a fait un genre en soi. Il n’en est pas pour autant un très grand peintre. D’autres que lui, aux Pays-Bas, porteront en ce XVIIe siècle magnifique la peinture de marines à des sommets de grâce et de puissance : Jan Porcellis, les Van de Velde père et fils, Jan Van de Cappelle, Albert Cuyp ou Jacob Van Ruisdael. En Italie, le genre passionne peu — le Napolitain Salvator Rosa ou le Florentin Antonio Tempesta livrent bien quelques mers se déchaînant contre les falaises, sans pour autant se spécialiser dans ce type de représentations.

Olivier Cena, de Télérama

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