Mémoires de la mer : Kroyer au Musée Marmottan-Monet !

Le musée Marmottan-Monet met à l’honneur jusqu’au 26 septembre le peintre danois Peder Severin Kroyer, le plus connu des « peintres des Skagen », C’est dans ce village de pêcheurs à la pointe nord du Danemark, à l’extrémité de la péninsule du Jutland que, entre 1880 et 1900, plusieurs peintres danois prirent l’habitude de se regrouper pour profiter de la lumière exceptionnelle créée par la conjonction des eaux de la mer du Nord et de la Baltique, et fixer sur la toile le quotidien de ses habitants et notamment de sa communauté de pêcheurs.

L’exposition du Musée Marmottan-Monet consacrée à Kroyer est intitulée « l’heure bleue », cette période entre le jour et la nuit où le ciel passe du bleu clair du jour, à un bleu plus foncé, une heure bleue singulièrement perceptible dans la luminosité exceptionnelle des ciels de Skagen.

Peintre de la lumière, Kroyer est aussi celui d’une communauté de travail aujourd’hui disparue, sur laquelle il porte un regard bien plus qu’anecdotique.

A lire en prolongement de la visite de l’exposition Kroyer, « Le marin américain », de Karsten Lund publié par Gaia Editions,  prix Gens de Mer 2009 au Festival Etonnants Voyageurs.

« En l’an 1902, un trois-mâts fait naufrage au large de Skagen, à l’extrême nord du Danemark. Le seul survivant, un marin américain, aux cheveux et aux yeux noirs, est hébergé chez un jeune couple.

Le marin disparaît à l’aube, sans laisser de trace. Neuf mois plus tard naît un enfant qui ne ressemble pas aux autres. Tout au long de sa vie, Anthon sera surnommé Tonny, ou l’Américain, et devra supporter les rumeurs persistantes sur ses origines. Mais sa réussite en tant que patron-pêcheur de haute mer lui permettra de surmonter ce qui est un véritable handicap dans cette petite ville du nord, où chacun est blond et sait d’où il vient.

Un siècle plus tard, au cours duquel Skagen est passé d’un gros bourg de pêcheurs aux maisons basses à une ville riche de ses pêcheries industrielles et célèbre par les peintres qui s’y sont installés, un homme roule de nuit le long des dunes, dans le paysage lunaire, balayé par les sables. Il se sent investi d’un obscur devoir de réhabilitation et veut élucider le mystère qui plane sur les origines de son grand-père, ce secret qui pèse sur la famille depuis quatre générations.

Avec une douce ironie scandinave, Le marin américain raconte le destin d’hommes et de femmes ordinaires et remarquables, d’une époque révolue à la vie de nos jours, tout au nord du sauvage Jutland. » Extrait de la présentation du livre par les Editions Gaia.

Extrait de la présentation du livre par les Editions Gaia

Souvenir personnel de Skagen.

« Août 1985, première étape de la première course de l’Europe à la voile entre Kiel, le port allemand de la Baltique et Scheveningen sur la mer du nord aux Pays Bas.

Je suis équipier de base sur le grand catamaran Charente Maritime 2 skippé par Jean-François Fountaine et Pierre Follenfant. Pour la première fois, les maxi multicoques de 26 mètre sont équipés de mâts ailes.

La course démarre de Kiel par un temps radieux avec un vent modéré et une mer plate sous le vent de la côte danoise. Le vent se renforce et nous régatons en tête avec deux autres bateaux à des vitesses de plus en plus élevées sans un regard sur la dégradation progressive de la météo. 20- 25 et pour la première fois 30 nœuds sur l’écran du speedomètre. Nous atteignons la pointe nord du Danemark au ras de Skagen et, soudain, à quelques mètres de nous, le mât du bateau du canadien Mike Birch se rompt brutalement, heureusement sans dégâts pour l’équipage, immédiatement  secouru par des bateaux de pêche de Skagen.

Retour brutal à la réalité sur les deux bateaux de tête qui réduisent immédiatement la voilure. En fait, c’est un fort coup de vent qui démarre tout juste et qui va provoquer l’abandon de la moitié de la flotte. Charente Maritime 2 terminera troisième de l’étape après des émotions fortes dans la nuit lors de virements de bord particulièrement difficiles avec le mât aile au milieu des plateformes pétrolières… »

Benedict Donnelly

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