Le Vendée Globe et l’ouverture au monde (suite)

Quel bonheur quand les courses à la voile autour du monde permettent de redécouvrir le monde !  A quelques jours d’intervalle, deux concurrents du Vendée Globe ont  attiré l’attention des médias et des passionnés, qui suivent jour après jour les péripéties de la course autour du monde à la voile en solitaire autour du monde, sur l’Île Macquarie.

C’est sous le vent de cette île, qualifiée par son équipe à terre de « caillou rectangulaire inconnu au sud de la Nouvelle Zélande…  » que Louis Burton s’est abrité pour pouvoir monter en haut de son mât réparer des avaries handicapantes. Quelques heures plus tard, c’est un tweet d’un autre concurrent Romain Attanasio qui mettait à l’honneur l’Île Macquarie : « J+42 Passage entre l’île Macquarie et les rochers de Bishop Island. Les fonds passent de 4000m à moins de 100m en 1 km ! Je m’engage dans ce passage car il y a seulement 2 m de houle derrière moi ».

Un caillou inconnu, l’île Macquarie ? Pas si sûr. Wikipedia, en tout cas, apporte des informations précises : « L’île Macquarie se situe au sud-ouest de l’océan Pacifique, environ à mi-chemin entre la Nouvelle-Zélande et l’Antarctique. Île australienne, elle est administrativement rattachée à la Tasmanie depuis 1890 et est devenue réserve d’État en 1978. Elle dépend depuis 1973 du Conseil de la vallée Huon et figure depuis 1997 sur la liste du patrimoine mondial.

Elle a été découverte par le Britannique australien Frederick Hasselborough en 1810 alors qu’il cherchait des territoires de chasse au phoque. Il la nomma du nom du gouverneur de Nouvelle-Galles du Sud, le colonel Lachlan Macquarie.

Pour en savoir plus, je suis allé sur le site Horizons partagés (https://www.sblanc.com/) d’Agnès Brenière et Samuel Blanc, « guides et photographes passionnés de glaces, de grands espaces et de hautes latitudes. »

Leur article sur l’Ile Macquarie livre un regard passionné et passionnant sur ce « caillou inconnu ».

L’île australienne Macquarie, se trouve à 1000 km au Sud de la Nouvelle-Zélande et à égale distance de la Tasmanie et de l’Antarctique (1500 km).

Elle est la partie immergée du ridge de Macquarie, formé par l’activité des plaques tectoniques pacifique et australienne. L’île est sans doute apparue il y a 600 000 à 700 000 ans et continue de croître à la vitesse de 8 mm par an. De nos jours, l’île Macquarie de forme rectangulaire, occupe une surface de 128 km² (34 km de long pour 5 km de large).
La température moyenne annuelle est de 5°C, mais ce qui caractérise l’île, c’est surtout le vent qui souffle 268 jours par an !!

Macquarie a été découverte par hasard le 11 juillet 1810, par l’équipage du navire de chasse aux phoques Perseverance, commandé par Fréderick Hasselburgh. L’expédition, qui venait de découvrir l’archipel des îles Campbell six mois auparavant, était à la recherche de nouveaux territoires de chasse. L’île fut baptisée en l’honneur du Colonel Lachlan Macquarie, gouverneur de l’état de Nouvelle Galle du Sud de 1810 à 1821. La chasse aux phoques et otaries fut si intense, qu’il faudra attendre les années 1950 pour de nouveau constater la reproduction de ces animaux sur l’île ! Mais le massacre ne s’est pas arrêté là. Les éléphants de mer eux aussi furent chassés, afin de produire de huile à partir de leur graisse. Il en fut de même pour les manchots, bouillis dans de grandes cuves. Deux millions d’entre eux furent ainsi utilisés en une trentaine d’années.

C’est en 1821, que la première vraisemblable expédition scientifique est menée sur l’île. Dirigée par l’amiral russe Bellinghausen, elle réalise la première carte de l’île et récolte les premiers échantillons de plantes et d’animaux. D’autres grands noms visiteront Macquarie, comme le capitaine Scott en 1901.

Mais le tournant scientifique pour l’île sera en 1911. Cette année là, cinq hommes sont déposés par l’expédition australienne dirigée par Douglas Mawson, qui part ensuite hiverner en Antarctique. Pendant deux années et demi, ces hommes établiront un relais radio entre l’Australie et l’Antarctique. Ils exploreront également l’île et leur découvertes et observations, serviront de point de départ à la recherche scientifique. En 1948, le gouvernement australien installe la base de l’ANARE (Australian National Antarctic Research Expeditions), sur l’isthme situé à l’extrémité nord de l’île. Toujours occupée de nos jours, la base a une capacité d’accueil d’environ 40 personnes. La gestion de la base et de l’île, a été confiée conjointement au Tasmanian Parks and Wildlife Service et à l’Australian Antarctic Division

Comme la plupart des îles subantarctiques, Macquarie frappe par sa biodiversité aussi bien sur le plan de la faune, que de la flore. L’île compte 29 espèces d’oiseaux nicheuses dont 2 endémiques (le gorfou de Schlegel et le cormoran de Macquarie) ainsi que 4 espèces de pinnipèdes. On y compte également 45 espèces de plantes vasculaires, dont 4 endémiques (le chou de Macquarie par exemple), 141 espèces de lichens ou encore 135 espèces de champignons. Il s’en est fallu cependant de peu, pour que bon nombre d’espèces d’oiseaux et de plantes disparaissent. En effet, 9 espèces de mammifères ont été introduits sur l’île depuis le début du 19ème siècle. Après le retrait du dernier chat en 2 000, les australiens se consacrent maintenant à l’éradication des rats, souris et surtout lapins qui ont considérablement endommagé la végétation de l’île. Le programme mené depuis 2010 se terminera en 2018. Il implique directement pas moins de 50 personnes, 12 chiens, 4 hélicoptères et 1 navire pour un budget total de 20 millions d’euros.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *